12 September 2009

Fernando Pessoa

Não tenho ambições nem desejos.
Ser poeta não é uma ambição minha.
É a minha maneira de estar sozinho.

I’ve no ambitions or desires.
My being a poet isn’t an ambition.
It’s my way of being alone.

— Edwin Honig & Susan M. Brown [Trs]

O rio da minha aldeia não faz pensar em nada.
Quem está ao pé dele está só ao pé dele.

The river of my village makes no one think of anything.
Anyone standing alongside it is just standing alongside it.

— Edwin Honig & Susan M. Brown [Trs]

A beleza é o nome de qualquer coisa que não existe
Que eu dou às coisas em troca do agrado que me dão.

Beauty is the name for something that doesn’t exist,
A name I give things for the pleasure they give me.

— Edwin Honig & Susan M. Brown [Trs]

03 September 2009

Jules Renard — Journal 1887-1910

On peut être poète avec des cheveux courts.
On peut être poète et payer son loyer.
Quoique poète, on peut coucher avec sa femme.
Un poète, parfois, peut écrire en français.

2 janvier. 1890

You can be a poet and still wear your hair short.
You can be a poet and pay your rent.
Even though you are a poet, you can sleep with your wife.
And a poet may even, at times, write proper French.

— Louise Bogan & Elizabeth Roget [Trs.]

Nous ne connaissons pas l'Au-delà parce que cette ignorance est la condition sine qua non de notre vie à nous. De même la glace ne peut connaître le feu qu'à la condition de fondre, de s'évanouir.

24 septembre. 1890

We are ignorant of the Beyond because this ignorance is the condition sine qua non of our own life. Just as ice cannot know fire except by melting, by vanishing.

— Louise Bogan & Elizabeth Roget [Trs.]

Qui sait si chaque événement ne réalise pas un rêve qu'on a fait, qu'a fait un autre, dont on ne se souvient plus, ou qu'on n'a pas connu?

Sans date. 1887

La nostalgie que nous avons des pays que nous ne connaissons pas n'est peut-être que le souvenir de régions parcourues en des voyages antérieures à cette vie.

20 juin. 1887

Ma tête biscornue fait péter tous les clichés.

8 août 1891

My mis-shapen head cracks through all the clichés.

— Louise Bogan & Elizabeth Roget [Trs.]